Mon parcours scolaire

Peux-tu me parler de ton parcours scolaire ?

Oui, avec plaisir. Le début de ma scolarité, notamment sur la partie du collège n’a pas forcément était facile car je ne comprenais pas l’intérêt de l’école dans ma vie. J’ai le souvenir que je me laissais aller et j’allais à l’école sans motivation. Lors de mon arrivée en seconde professionnelle dans les métiers des industries graphiques, j’ai tout suite pris goût à l’école. Je pense qu’il existe plusieurs raisons à cela. Notamment le rythme scolaire qui changeait, le fait d’apprendre un métier dans la pratique, je ne ressentais pas les matières sous forme de cours magistraux. Le relationnel avec les professeurs étaient vraiment agréable dans un esprit de confiance, puis le fait est d’intégrer un grand lycée, d’environ 1200 personnes en provenance de différentes régions m’a permis de m’ouvrir vers les autres puis de prendre en maturité. C’était un nouvel environnement dont j’avais le sentiment d’être entouré d’adultes et que pour s’intégrer il fallait murir.

J’ai eu une prise de conscience, mais je n’étais pas forcément un grand travailleur, je me contentais du minimum, j’arrivais toujours avoir les résultats pour l’obtention de mes diplômes.

C’est après le baccalauréat professionnel que les choses se sont corsées car le minimum ne pouvait plus fonctionnait car le niveau montait et fallait travailler en conséquence.
Je n’avais pas appris à travailler à la maison d’une façon plus soutenue, j’ai dû faire face à une quantité de travail à gérer, j’ai dû apprendre à m’organiser et gérer mes priorités. Je suis passé par plusieurs étapes de frustrations (pensant même parfois à tout abandonner). Il m’est arrivé de travailler longuement sur la révision d’un devoir pour obtenir une note catastrophique.

Grâce à ma persévérance, j’ai dû développer des stratégies pour obtenir mes diplômes, d’ailleurs lors de mon passage du Brevet de Technicien Supérieur, j’étais persuadé de ne pas réussir mon diplôme, j’avais ressenti tellement une pression qu’après les épreuves je me suis octroyé des jours de vacances sans même me préoccuper de la suite.

Lors de mon retour, j’avais la bonne surprise que j’avais validé mon diplôme en ayant la moyenne partout sauf dans les matières scientifiques.

Un nouveau combat naissait celui de la poursuite d’études.

Je voulais devenir enseignant, une seule voie était possible celle de la licence professionnelle dans les métiers de l’édition.

C’est en entrant au collège que mes résultats me font perdre confiance, en pensant que les études ne sont pas faites pour moi. Je me souviens encore de cette phrase en bas de mon bulletin :

Que faites-vous à l’école ???!!!.

Après avoir redoublé ma troisième, n’ayant pas le niveau pour poursuivre dans la voie générale, je suis naturellement orienté en lycée professionnelle. Je suis un cursus dans les études d’imprimerie pour la préparation d’un Brevet d’études Professionnelles. Je ne me posais pas de questions sur mon orientation, je ne pensais pas à mon avenir, j’étais l’enfant qui aimait rêver en me laissant vivre. Le plus important pour moi c’était de ne pas décevoir mes parents.

Je prends de plus en plus confiance en moi, suite à la pratique professionnelle qui m’apporte un sens aux apprentissages grâce des professeurs passionnés d’imprimerie.

Après mon diplôme en poche, je poursuis en baccalauréat professionnelle que je décroche de justesse et parviens à m’inscrire en études supérieures.

Je développe déjà le sens du partage en motivant mes camarades n’ayant pas eu leur diplôme. Je les conseille de ne pas lâcher prise et de le repasser afin de développer des nouvelles perspectives d’avenir car dans la cité celui-ci était incertain.

Je donne de mon temps à mes amis du quartier pour les aider à réviser et les motiver pour qu’ils parviennent à décrocher leur diplôme, mais sans succès ces derniers préfèrent aller gagner de l’argent. Je continue son cursus scolaire dans les métiers de la communication.
Contrairement à toute attente, je parviens à décrocher mon BTS, alors que j’étais persuadé de ne pas avoir le niveau. D’ailleurs petite anecdote, après les épreuves, je suis partie directement en vacances pour oublier ces deux dernières années difficiles en pensant pertinemment que je n’allais pas avoir mon diplôme.

Au retour des vacances, c’est en découvrant les résultats dans ma boîte à lettre, qu’j’ai eu l’immense joie d’apprendre que j’étais diplômé d’un Brevet de Technicien Supérieur dans le domaine des Industries Graphiques. Mais un problème allait se poser car  j’avait effectué aucune démarche de poursuite d’études.

Nous sommes en septembre 2006, Je me retrouve dans une situation très précaire, sans travail, sans école, je prends vite rendez-vous au Centre d’Informations d’Orientation de la ville pour trouver une solution. Mon objectif, devenir enseignant dans les métiers des Industries Graphiques. Suite à cette spécialité rare, un seul choix se pose, continuer en licence professionnelle dans les métiers de l’édition. Malheureusement après avoir tenté par tous les moyens d’y accéder, les portes se referment car la promotion était complète, la seule façon d’y entrer était par la voie de l’apprentissage.
Un nouveau combat naît, trouver une entreprise pour la poursuite d’études. Les rendez-vous auprès des entreprises, des intérims, de Pôle-emploi s’enchaînent, mais je me rend vite à l’évidence que trouver une entreprise s’avère bien plus difficile de ce que je pensais. Il y avait très peu de demandes dans mon domaine et le peu d’annonces exigeaient cinq ans d’expérience.
Mon rêve s’éloignait de plus en plus. Le conseiller de Pôle-emploi avait remarqué ma motivation et me fait part d’un forum d’une grande entreprise française de transports afin de ne pas rester dans la précarité. Issu d’une famille ou il n’était pas possible de rester sans activités, j’ai accepté sans hésitation la proposition.
Lors de ce forum, je participe à des conférences de personnes charismatiques en costume ayant pour argument d’intégrer cette entreprise pour un avenir serein avec beaucoup d’avantages comme les transports gratuits, des formations intéressantes etc.
J’étais conquis, après une heure et demi d’attente, je parviens à décrocher un entretien avec une hôtesse pour le recrutement. Contrairement à toute attente, cette dernière me refuse catégoriquement mon intégration à cette société en ayant pour argument que je suis trop diplômé pour promouvoir le poste. Mon diplôme que je voyais comme une réussite me fermait les portes en pleine face.

J’étais prêt à supprimer des lignes de mon CV pour avoir un job, en réitérant ma demande plus tard. Mais avec cet échec, je renoue des liens avec mon rêve initial, pouvoir intégrer une licence dans les métiers de l’édition dans l’une des plus grandes écoles françaises. C’est à ce moment, que je décide de miser le tout pour le tout, pour intégrer cette école en alternance. Ma persévérance finit par payer car je réussis à décrocher cet entretien tant attendu. J’étais tellement excité que j’ai réussi à me tromper dans la date en arrivant un jour en avance.
Lors de cet entretien je me vois refuser mon entrée dans cette école dû à mes faibles résultats dans les matières scientifiques. D’une âme de combattant, j’ai réagi rapidement en construisant des arguments afin de ne pas laisser mon rêve s’échapper en expliquant que dans le programme de cette formation, il n’y a pas de matières scientifiques et que j’étais prêt à prendre des cours particuliers pour me remettre à niveau afin de ne pas me voir refuser mon rêve. Je tente le tout pour le tout jusqu’à bluffer d’avoir une entreprise, mon audace finit par payer car je réussis à intégrer l’école le jour même.

Je commence la formation avec beaucoup d’appréhension toujours avec cette peur de ne pas être à ma place, à la hauteur, les codes étaient différents mais avec le temps je prends confiance en moi et m’aperçois que ses résultats sont au-dessus de mes attentes. Malheureusement la période en entreprise arrive à grand pas, j’ai une seule obsession trouver une entreprise afin de continuer les études. À quelques jours de son renvoi de l’école, contre à toute attente, je parviens à trouver une entreprise au sein même de mon quartier. Mais le rêve ne dure que quelques jours car je me fais gentiment mettre à la porte sans aucune explication. L’école me donne un délai d’un mois pour trouver une solution. J’ai fait une rencontre dans son ancien lycée avec un nouveau professeur dont il me partage une adresse d’entreprise. Je parviens à décrocher un entretien et m’aperçois que le directeur de cette entreprise a suivi exactement le même cursus, avec le même professeur, ce qui m’a valu ma chance de pouvoir intégré cette société.

Mon rêve allait enfin se réaliser ! Je donne le tout pour le tout et parviens à décrocher ma licence avec une mention à la clé.

Waouuuu ! Quel parcours inspirant !! Bravo pour ta détermination !